ALCHIMIES...  de Philippe Carrette

 

A Paul Gérard,
A Alain, aussi...

ALCHIMIE

J’écris, paralysé, à des colonnes éteintes
Aux rêves ensablés
De nos masques sans vie.

J’écris aux voix des anges
Murmurant au désert
Des sentences d’oubli.

J’écris pour quelque note
Aux lèvres d’une flûte
Ou aux flancs d’un rebec.

J’écris pour un regard
Posé sur les couleurs
D’un papillon qui dort.

J’écris, je gratte, je reviens, je surcharge
Raturant le passé, rêvant d’autres futurs,
Nos présents improbables flottent sur des nuages
Réel et irréel dans des vapeurs sulfures.

J’écris, et l’alchimie renaît de l’athanor ancien.
Et, comme un œuf pourri recèle une escarboucle,
L’Œuvre, Rouge, Noir, Blanc,
L’Œuvre, l’Œuvre, le Grand,
Aux creuset des sagesses refond infiniment.

Des pirogues d’éternité
Nous aideront à traverser
Les steppes tendres des tristesses

Et, sur des vagues de tendresse
On reverra enfin s’ouvrir
Les yeux médusés des déesses
Au vitriol des repentirs.

Du plus profond de nos musiques
Pour bercer cette autre agonie
Nos escaliers pleins de colchiques
Et le poids chaud de l’amitié.

 

Copyright © 1997-2004 San Luis Potosi, Philippe Carrette. All rights reserved.

Quand Alchimies Regrets