VITRIOL de Philippe Carrette

A Georges, à cause de Montaigne...

D'abord il y a l'usure des choses
Cette lente dégradation
Nos combats qui ont de l'arthrose
L'écoulement des ambitions.

On connaît le poids de l'enfance
Surtout celle qu'on n'a pas eue
Et nos remords d'adolescence
Que nos rêves n'assument plus.

Les regards de nos chiens nous pèsent
Pour tant de brèves trahisons
L'aventure se désagrège
Au feu mourant des illusions.

Qu'on parte au loin ou bien qu'on reste
C'est la même immobilité
Le même esprit que l'on déteste
L'angoisse aussi sait voyager.

Qu'on s'essaye aux bilans futiles
Qu'on fasse semblant d'oublier
La nuit revient toujours tranquille
Avec la peur bien accrochée.

Les yeux fermés sur un naufrage
On n'en finit pas de vieillir
On croit tourner une autre page
Et on ne fait que se relire.

Alors,à nos miroirs gris d'aube
Auxquels on tente de sourire
On toilette un peu les fantômes
De ce qu'on a pu devenir.

 

VITRIOL Chauffe, Marcel, chauffe...

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